lundi 30 mars 2015

RECUPERER UNE PENSION ALIMENTAIRE..

Récupérer une pension alimentaire impayée ?
Pourquoi agir ?
Pour ne plus subir d'impayés à l'avenir
Lorsqu'une pension alimentaire ou une prestation compensatoire n'est plus payée, ou avec un retard systématique, les conséquences financières peuvent être lourdes pour son créancier (celui à qui elle est due). C'est pourquoi une procédure très simple, le « paiement direct », a été mise en place. À condition que le total des impayés n'excède pas 6 mois, elle permet d'être réglé directement du montant de la pension, pour l'arriéré ainsi que pour l'avenir, par l'employeur ou la caisse de retraite du débiteur (celui qui doit la pension). Pour les arriérés de plus de 6 mois, ce sont les voies d'exécution classiques qui peuvent être mises en oeuvre (saisie des biens meubles, des comptes bancaires, des rémunérations...). Dans tous les cas, une décision de justice doit, au préalable, avoir fixé le montant de la pension.
Quand le faire ?
Dès qu'une échéance n'est pas réglée
Il est conseillé d'agir sans attendre ! En effet, il faut se souvenir que le paiement direct est limité aux 6 derniers mois d'impayés. Pour les arriérés plus anciens, le recouvrement est possible mais il est plus long à obtenir. Les pensions alimentaires sont payables mensuellement, et d'avance. Leur versement à terme échu (en fin de mois) n'est pas autorisé et peut donc justifier une demande de paiement direct. Pour mettre en oeuvre cette procédure, il n'est même pas nécessaire d'attendre un délai « raisonnable » : elle peut être lancée dès qu'une échéance n'est pas payée au jour dit. Dans le même esprit, aucune mise en demeure préalable par lettre recommandée n'est obligatoire. Enfin, le paiement direct peut être aussi demandé si la pension est bien payée par son débiteur à la date prévue, mais sans tenir compte de la revalorisation annuelle, c'est-à-dire de l'indexation de son montant sur l'indice du coût de la vie. À chaque anniversaire du jugement (où à une autre date indiquée dans le jugement, le plus souvent le 1er janvier de chaque année), la pension alimentaire doit être revalorisée, et le débiteur averti du nouveau montant qu'il a à verser.
Où s'adresser ?
À un huissier du lieu de sa résidence
Le créancier de la pension alimentaire peut charger du paiement direct tout huissier de justice du lieu de sa résidence. Cette proximité n'existe que pour ce type de procédure. Par exemple, si madame Dupond habite avec ses enfants à Issoudun (Indre), alors que son ex-mari habite à Bourges (Cher), elle peut s'adresser à un huissier d'Issoudun. En revanche, pour un impayé de pension supérieur à 6 mois, c'est une procédure classique de recouvrement qui doit prendre le relai, et l'huissier de justice territorialement compétent redevient celui du domicile du débiteur : Bourges, dans l'exemple ci-dessus.
Comment ça marche ?
La pension est payée par l'employeur
Le paiement direct consiste à saisir directement les rémunérations ou les créances du débiteur de la pension, par l'envoi d'une simple notification de l'huissier, par lettre recommandée : à l'employeur du débiteur s'il est salarié, à sa caisse de retraite s'il est retraité, à Pôle Emploi s'il perçoit des indemnités de chômage. Lorsque le débiteur de la pension est propriétaire d'un logement qu'il a mis en location, la notification de paiement direct peut être adressée, le cas échéant, à l'administrateur de biens qui perçoit les loyers pour son compte. Dans tous les cas, l'huissier de justice doit mettre en oeuvre la procédure dans les 8 jours à compter de la demande. Toutefois, il faut qu'il dispose de toutes les informations nécessaires sur l'identité du tiers saisi. Si le créancier de la pension ne peut pas les lui fournir, l'huissier peut se les faire communiquer par les administrations, services publics et organismes de sécurité sociale. Dès réception de la notification, l'employeur (ou tout autre tiers) exerce la retenue dès le premier versement de rémunération, ou, s'il s'agit d'un compte bancaire, dès que les avoirs le permettront. Les arriérés de pension, dans la limite de 6 mois, sont prélevés par douzièmes avec les termes courants de la pension : ils sont donc réglés au bout d'une année.
Combien ça coûte ?
Rien, pour le créancier de la pension
Les frais de la procédure de paiement direct sont exclusivement à la charge de celui qui doit la pension alimentaire (le débiteur). Ils sont prélevés sur sa rémunération en même temps que les retenues effectuées pour le paiement de l'arriéré. Le bénéficiaire de la pension n'a donc pas à en faire l'avance, et il n'a pas non plus à les supporter dans le cas où la procédure serait finalement infructueuse. Il en est de même avec la procédure de recouvrement « classique », pour les pensions alimentaires dues au-delà des 6 derniers mois d'arriérés.
Remarque : L'avis de l'expert Patrick Safar, Huissier de justice à Melun (Seine-et-Marne)
Le principal conseil à donner, c'est de ne pas attendre une accumulation de mensualités impayées, car plus on attend, plus c'est compliqué de recouvrer les sommes dues. Par exemple, si vous avez une année d'impayés, 6 mois seront couverts par le paiement direct et les 6 autres mois relèveront de la procédure ordinaire. Nous n'avons pas encore de retour en ce qui concerne le dispositif expérimental de garantie contre les impayés de pensions (qui a été mis en place depuis le 1er octobre 2014, dans 20 départements et seulement pendant 18 mois). Il s'agit de la principale nouveauté en matière de recouvrement. Il faut signaler aussi un changement récent : jusqu'en 2014, la procédure ordinaire de saisie était gratuite pour le créancier, mais en cas d'insolvabilité du débiteur, les frais étaient répercutés sur le créancier. Maintenant, il y a une totale gratuité pour lui, dans tous les cas. Pour compenser, les frais du paiement direct ont été doublés du côté du débiteur de la pension.