lundi 24 août 2015

COMMENT CONTESTER UN AVIS D IMPOSITION !

Contester un avis d'imposition
Pourquoi agir et dans quels délais ?
Suite à une erreur ou un oubli, une réclamation contentieuse doit être déposée dans des délais très stricts. Avant de saisir, éventuellement, les tribunaux...
Un contribuable qui constate, à la lecture de son avis d'imposition, qu'une erreur a été commise par l'administration en sa défaveur (par exemple, non prise en compte d'une demi-part fiscale au titre de l'IR ou de l'abattement pour charge de famille pour le calcul de la taxe d'habitation), peut en demander la rectification auprès de son Centre des impôts. En cas d'échec, il ne peut saisir immédiatement le juge : il doit tout d'abord présenter une réclamation contentieuse auprès du service dont dépend le lieu d'imposition (coordonnées indiquées sur l'avis d'imposition). Cependant, n'est pas considérée comme irrégulière, une réclamation adressée à tort à un service non compétent, celui-ci étant tenu de la transmettre au service concerné. Pour l'IR, sous peine d'être jugée irrecevable, la réclamation doit être envoyée au plus tard le 31 décembre de la deuxième année suivant celle de la mise en recouvrement du rôle (soit le 31 décembre 2017 pour l'IR sur les revenus 2014 recouvré à l'automne 2015). Pour les impôts locaux (taxe d'habitation, taxe foncière), la réclamation doit être adressée au plus tard le 31 décembre de l'année suivant celle de la mise en recouvrement (soit le 31 décembre 2016 pour la taxe d'habitation 2015). Elle peut être présentée jusqu'au dernier jour du délai, à minuit (le cachet de La Poste fait foi).
Comment faire la réclamation ?
La démarche peut être écrite, verbale ou en ligne.
La réclamation doit, en principe, être établie par écrit sous la forme d'une simple lettre sur papier libre. Par sécurité, mieux vaut l'adresser par courrier recommandé avec accusé réception. Pour qu'elle ne soit pas jugée irrégulière, il faut y mentionner clairement l'imposition contestée, éventuellement les références légales (article du code général des impôts...) fondant la réclamation, ainsi qu'un exposé détaillé des faits et moyens invoqués à l'appui de la contestation. Elle doit être signée et accompagnée d'une copie de l'avis d'imposition et des pièces justificatives nécessaires. En matière d'IR et d'impôts locaux, la réclamation peut être formulée verbalement. Une fiche de visite doit alors être remise au contribuable à la suite de son rendez-vous. Pour les principaux impôts, il est également possible de déposer une réclamation en ligne, via le site www.impots.gouv.fr, espace personnel, onglet « faire une réclamation ». Les pièces justificatives peuvent être fournies sous forme dématérialisée. Un accusé réception de la réclamation est délivré à la fin de la procédure en ligne. Le contribuable peut suivre l'évolution de sa demande et prendre connaissance du sens de la décision sur son espace personnel, un courrier lui étant systématiquement adressé pour l'informer des suites données à sa réclamation.
Doit-on acquitter l'imposition contestée ?
La réclamation ne dispense pas de payer l'impôt, sauf demande de sursis de paiement.
Le redevable qui conteste le bien-fondé d'une imposition doit néanmoins s'acquitter de sa dette. Sauf s'il demande expressément à bénéficier d'un sursis de paiement à l'appui de sa réclamation. Si le montant des impositions contestées et pour lesquelles un sursis de paiement est sollicité excède 4 500 €, il doit constituer des garanties (versement d'espèces sur un compte du Trésor, caution bancaire...). L'exigibilité des impositions litigieuses est alors suspendue jusqu'à la décision définitive de l'administration ou du Tribunal administratif. Attention, si la décision rendue par le Tribunal administratif lui est défavorable, le contribuable s'expose à des intérêts de retard (0,40 % par mois), voire à une majoration spécifique pour retard abusif (maximum 1 % par mois).
Combien de temps a l'administration pour répondre ?
Le fisc dispose de 6 mois pour statuer.
L'administration fiscale statue dans un délai de 6 mois après la date de présentation de la réclamation. À condition d'en informer le contribuable, elle peut disposer d'un délai complémentaire de 3 mois maximum. En cas de non-réponse dans le délai de 6 mois, la réclamation doit être considérée comme rejetée.
Quels sont les recours en cas de rejet ?
Le litige peut alors être porté devant les tribunaux.
Si la décision rendue par l'administration ne le satisfait pas, le contribuable peut solliciter l'arbitrage du Conciliateur départemental ou du Médiateur de Bercy. Il peut parallèlement saisir le Tribunal administratif du lieu d'imposition (ou le TGI compétent en matière de droits d'enregistrement ou d'ISF). Il dispose pour cela d'un délai de 2 mois à compter de la notification par l'administration d'une décision de rejet total ou partiel. S'il n'a pas reçu de réponse à l'issue du délai de 6 mois pour statuer sur la réclamation, il peut saisir le Tribunal administratif à tout moment. Même si cela n'est pas obligatoire, le recours à un avocat est recommandé, à ce stade, afin de se faire assister dans cette procédure.
Remarque : L'avis de l'expert Marie Lambert, Avocate à Toulouse (31)
Une réclamation peut non seulement être déposée lorsqu'une erreur matérielle a été commise par le fisc au détriment d'un contribuable, mais également si celui-ci s'aperçoit a posteriori qu'il a manqué une occasion fiscale, par exemple en omettant de déduire une pension alimentaire ou de mentionner des dépenses ouvrant droit à un avantage fiscal. Si les délais de réclamation contentieuse sont dépassés, il est parfois possible de faire une demande de dégrèvement gracieux ou d'office. Je recommande de préférence de déposer une réclamation par écrit. En cas de réponse orale favorable du Centre des impôts, il est indispensable d'obtenir une réponse écrite circonstanciée pouvant être opposée ultérieurement au fisc en tant que de besoin. Enfin, dans certains cas, l'opportunité d'une réclamation doit être examinée avec soin, car elle est susceptible d'entraîner l'examen en profondeur du dossier du contribuable par l'administration. Pour peser le pour et le contre, les conseils d'un avocat fiscaliste peuvent se révéler utiles avant d'engager une telle démarche.