lundi 14 décembre 2015

GESTION DE LA COPROPRIETE : NOUVEU CONTRAT DE SYNDIC...GARE AUX PRIX !

Gestion de la copropriété

Nouveau contrat de syndic : gare aux prix !

Les assemblées générales qui renouvellent le mandat de leur syndic doivent désormais voter pour un contrat de syndic type. Impossible de déroger à ce document alors mieux vaut en éviter les chausse-trappes !
Lors de votre prochaine assemblée générale de copropriété, si vous élisez un syndic, vous voterez pour un contrat type qui doit contenir les mêmes clauses quel que soit le syndic choisi et l'immeuble. Les honoraires, quant à eux, restent libres. Le décret n° 2015-342 du 26 mars 2015 pris en application de la loi pour l'Accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) du 24 mars 2014 a rendu ce document obligatoire depuis le 1er juillet 2015 (les syndics non professionnels – bénévoles – doivent également proposer ce document au vote des copropriétaires). Un dispositif mis en place pour mieux comparer les prix des syndics de copropriété... " Mais le contrat type fait treize pages et n'est pas toujours très lisible. Il faudra du temps à tout le monde avant de bien le maîtriser", prévoit Rachid Laaraj, responsable de Syneval, courtier en syndics. Le principal risque est de voir les honoraires s'envoler à l'occasion du changement de contrat. L'Association nationale de la copropriété et des copropriétaires (Ancc) ainsi que l'Association des responsables de copropriétés (ARC) constatent d'ores et déjà des augmentations de l'ordre de 10 à 15 %. Les syndics justifient cette évolution par des tâches de plus en plus nombreuses à accomplir et, pour un certain nombre d'entre eux, le contrat type inclut désormais des tâches habituellement facturées en supplément (hors forfait) avec pour conséquence des augmentations de tarif.

Vérifiez qu'il s'agit bien d'un contrat type

Dans les semaines précédant l'assemblée générale, il faut tout d'abord vérifier que vous avez bien en main le contrat type. En effet, même si celui-ci est obligatoire, certains syndics y ajoutent des clauses fantaisistes ou bien, au contraire, en retranchent des éléments importants (voir encadré). Les copropriétaires avertis peuvent consulter via le flashcode ci-contre le document officiel prévu par le décret n° 2015-342 (sur le site www.legifrance.gouv.fr) et le comparer au contrat fourni par leur syndic. Pour ceux qui n'ont pas le temps d'effectuer ce travail, sachez que le contrat type comprend une première partie administrative comportant notamment les informations sur la carte professionnelle du syndic et son assurance en responsabilité civile professionnelle. Les modalités de démission du syndic doivent également être précisées : rappelons que le syndic qui démissionne doit obligatoirement réaliser un préavis de trois mois depuis la loi Alur. Enfin, il faut bien vérifier que le contrat est conclu pour un an et non pas pour une durée plus longue.

Ce qui relève de la gestion courante est listé

Autre grand chapitre : les honoraires de gestion courante. " Le contrat doit contenir la mention expresse que la rémunération forfaitaire comprend toutes les prestations sauf celles qui sont énumérées par décret ", rappelle Claude Pouey, chargé de l'observatoire des contrats de syndic à l'ARC. Une liste détaillée des tâches incluses dans le forfait est indiquée dans le décret et doit être jointe au contrat. Cette liste est très proche de celle fixée par l'arrêté Novelli du 19 mars 2010. La tenue d'un compte séparé, devenue obligatoire sauf pour les petites copropriétés de moins de 15 lots, est ainsi incluse dans le forfait. En revanche, l'archivage des documents de la copropriété qui avait fait l'objet de débats, peut être facturé en plus puisque le contrat type précise que l'assemblée peut décider ou pas de faire appel à une société d'archivage. 

Négociez le forfait

La négociation du forfait (rémunérant le travail de gestion courante du syndic) est cruciale puisqu'il s'agit d'une somme importante. Afin d'avoir un élément de comparaison, regardez dans la convocation de l'assemblée générale annuelle le montant payé l'an dernier. Au total, on considère généralement que le montant du forfait doit représenter entre 150 et 200 € par an et par lot de copropriété. Vérifiez que l'augmentation de ce forfait ne dépasse pas 2 à 3 % et que la clause de révision du montant des honoraires prévue par le contrat vous convient. Afin d'alléger l'addition, faites le point sur les besoins de l'immeuble car le contrat type prévoit que certaines tâches sont ajustables comme le nombre de visites de l'immeuble par le syndic mais aussi la plage horaire pendant laquelle se tient l'assemblée générale ou encore le nombre de réunions de conseil syndical auquel assiste le syndic. Si le conseil syndical est très actif, une ou deux visites par an peuvent être suffisantes. Si vous décidez de tenir l'assemblée générale tôt dans la soirée (déroulement avant 20 H), les honoraires seront aussi moins élevés. Enfin, vous pouvez aussi faire des économies en dispensant le syndic de mettre un extranet à la disposition des copropriétaires. Cet outil doit permettre aux copropriétaires de consulter les documents de la copropriété avec un accès différencié entre les membres du conseil syndical et les copropriétaires mais il n'est pas obligatoire.

Faire baisser le prix des prestations hors forfait

Viennent ensuite les prestations particulières pouvant donner lieu à rémunération complémentaire du syndic: la liste précise de ces tâches doit être jointe au contrat (sinon, elles ne peuvent pas être facturées en plus du forfait). Il s'agit de manière générale du tarif des vacations, c'est-à-dire le temps facturé par le syndic lorsque sa présence est nécessaire. Essayez de ne pas dépasser 150 € TTC/heure. Peuvent aussi être facturés de la même façon en dehors du forfait:
• Tout ce qui concerne la vente d'un lot ou encore les prestations relatives aux litiges à cette occasion (incombant au copropriétaire concerné).
• La préparation de la convocation et de la tenue d'une assemblée générale supplémentaire ainsi que des visites supplémentaires de la copropriété.
• La gestion administrative et matérielle relative aux sinistres : déplacement du syndic sur les lieux, assistance aux mesures d'expertise, suivi du dossier auprès de l'assureur. Mais, en revanche, la déclaration des sinistres ne peut plus faire l'objet de facturation supplémentaire. Concernant les visites liées aux sinistres, rappelez au syndic que cette prestation ne peut être facturée que si le nombre de visites inclus dans le forfait est épuisé.
• Le suivi par le syndic des travaux votés en dehors du budget courant. Ces honoraires sont votés en même temps que les travaux concernés. Le contrat ne peut pas fixer de barème de pourcentage. Les honoraires pour travaux comprennent aussi les diligences entreprises par le syndic dans la réalisation du diagnostic de performance énergétique.
• Les contentieux comme la mise en demeure d'un tiers par lettre recommandée avec AR, la constitution du dossier transmis à l'avocat, à l'huissier de justice, etc. Négociez des tarifs compris entre 100 et 400 €.
• Les diligences spécifiquement liées à la préparation des décisions d'acquisition ou de disposition des parties communes.
• La reprise de la comptabilité sur exercice antérieur. Cette possibilité a été très contestée par l'ARC qui estime que cela devrait faire partie des tâches de gestion courante des syndics. En cette période où se prépare un éventuel changement de syndic, ou alors que d'autres copropriétés se verront bientôt proposer pour la première fois le nouveau contrat type, les copropriétaires intéressés devront être particulièrement vigilants.
Comparer au moins deux syndics tous les 3 ans
Désormais, tous les trois ans, le conseil syndical doit procéder à une mise en concurrence du contrat de syndic avant la tenue de l'assemblée de copropriété, l'article 21 de la loi du 10 juillet 1965 ayant été modifié sur ce point par la loi Macron n° 2015-990 du 6 août 2015. Si un problème survient avec le syndic dans l'intervalle, rien n'empêche au conseil syndical ou à un copropriétaire de proposer l'inscription d'un autre contrat de syndic à l'ordre du jour. Aucune sanction n'est prévue si le conseil syndical n'effectue pas la mise en concurrence, d'autant que le conseil syndical est dispensé d'effectuer cette mise en concurrence si l'assemblée générale annuelle qui s'est tenue l'année précédente le décide (majorité des voix de l'article 25). " On ne sait pas encore si l'absence de mise en concurrence pourra être une cause d'annulation, il faut attendre des décisions de justice ", estime Me Jacques Louvet, avocat au barreau de Paris. Le texte ne précise pas combien de contrats de syndics concurrents doivent être mis à l'ordre du jour même si on suppose qu'il en faut au moins deux.
Voir le contrat type
En utilisant le flashcode ci-dessous (à scanner avec votre portable ou tablette), vous accédez au décret 2015-342 qui présente le contrat type en annexe.
69 % de contrats qui ne vont pas...
Même si le contrat type est obligatoire, un certain nombre de ceux proposés aux assemblées n'en respectent pas les termes exacts. Ainsi, l'ARC a analysé plus d'une centaine de contrats et il s'avère que 69 % d'entre eux présentent une ou plusieurs irrégularités. Ainsi, 10 % des contrats n'ont pas pris en compte le nouveau format des contrats type et 33 % des contrats présentent des articles rajoutés, tronqués ou supprimés. De plus, seulement 36 % des contrats intègrent la tenue de l'assemblée générale au-delà de 20 h, alors que 80 % des assemblées générales se terminent au-delà de cette heure. Cela signifie que les contrats proposés ne prennent pas en compte les pratiques réelles des immeubles en matière d'horaire. L'ARC constate aussi la facturation de l'actualisation de l'état daté ou la non prise en compte dans le forfait d'au moins une réunion dans l'année avec le conseil syndical. Problème : le non-respect du contrat type ne fait l'objet d'aucune sanction... Seule solution pour les copropriétaires : ne pas hésiter à changer de syndic s'ils constatent des différences trop importantes qui leur sont préjudiciables.